Editeur : Montparnasse, mars 2009. Durée du film 1h26 - Stéréo et 5.1 Version hébraïque sous-titrée français / Version française. 25 €

Suppléments :

  • Ari Folman bouleverse Cannes - 7 mn Ari Folman à Cannes
  • L'histoire d'un film par Ari Folman- 20 mn Entretiens avec Ari Folman, story-boards, animatics…
  • Scène coupée : " La mort de Bachir " - 40s
  • De Cannes à Sderot - Ari Folman en Israël - 6 mn.
  • Le choc de Sabra et Chatila - 2 mn. Reportage du JT d'Antenne 2 le lendemain du massacre de Sabra et Chatila (le 18 septembre 1982).
  • La Tragédie libanaise - 10 mn Entretien avec Joseph Bahout, politologue
  • Bande annonce VOST

 

Ari, metteur en scène israélien, a rendez-vous en pleine nuit dans un bar avec un ami en proie à des cauchemars récurrents, au cours desquels il se retrouve systématiquement pourchassé par une meute de 26 chiens. 26, exactement le nombre de chiens qu’il a dû tuer au cours de la guerre du Liban, au début des années 80 ! Le soir même, Ari, pour la première fois, retrouve un souvenir de cette période de sa vie. Une image muette, lancinante : lui-même, jeune soldat, se baigne devant Beyrouth avec deux camarades. Il éprouve alors un besoin vital de découvrir la vérité à propos de cette fraction d’Histoire et de lui-même et décide, pour y parvenir, d’aller interviewer à travers le monde quelques-uns de ses anciens compagnons d’armes. Plus Ari s’enfoncera à l’intérieur de sa mémoire, plus les images oubliées referont surface.

Dans Valse avec Bachir, le parcours de Ari est celui d'une cure psychanalytique qui va lui permettre de retrouver la mémoire d'un événement traumatisant auquel il a participé. Comme dans La maison du docteur Edwards, un premier traumatisme, celui des camps d'extermination vécu à six ans a bloqué le second, les massacres de Sabra et Chatila auquel il a participé en 1982.

Il va donc s'agir d'interpréter cette vision des trois jeunes hommes qui sortent de la mer, s'habillent puis se trouvent face à un flot de femmes en pleurs.

La mémoire revient progressivement à Ari dans des flash-back qu'il partage avec les témoins (l'enfant abattu, la Mercedes rouge des Palestiniens) ou revit (les premiers tirs plein de violence sur fond de fin d'histoire d'amour, l'aéroport de Beyrouth détruit). Toutefois, rien ne se joue au présent. Cela rend assez faibles les retours à l'enquête menée par le personnage principal avec l'ami hollandais qui fume un joint, l'ami psychanalyse, le reporter.

Certes l'idée est là de revenir au documentaire et de saisir la parole des témoins, parole symbolique (la valse avec Bachir au milieu des tirs), ou fantasmée (le yacht de luxe où une géante fellinienne vient rassurer le soldat qui doute de sa virilité) ou énoncée sur la mauvaise conscience (le second du char, le commandant). Mais le dessin animé souligne les traits et rend trop univoque un témoignage qui aurait peut être gagné en intensité s'il avait été gardé sans conversion en dessin. Dans une animation ralentie, les détails (l'ami qui boit un verre de bière, les joints du hollandais, l'enfant qui joue au ballon derrière le psychanalyste) détournent l'attention plus qu'ils ne densifient la narration.

Assez faible aussi l'énoncé d'un coup d'un seul de l'explication de l'image fantasmée : le psychanalyste affirme brutalement, naturellement et comme si cela allait de soi que l'image de la mer est, dans les rêves, associée aux souvenirs. Pour Ari, ces souvenirs sont ceux des camps de concentration où lui et sa famille furent conduit. C'est un peu court pour mettre en valeur cette image récurrente. Et ce d'autant plus que le psychanalyste nous a largement fait part de sa science avec les épisodes de la photo truquée dans laquelle chacun investit d'heureux souvenirs d'enfance ou du photographe devenant fou quand son appareil se casse et ne le met ainsi plus à distance de l'horreur.

Plus réussis sont tous les épisodes racontés avec des effets musicaux toujours variés et un second degré de folie qui rappelle parfois Apocalypse now et sa chevauchée des walkyries.

La toute fin du film est incontestablement plus marquante. Le fonds ocre qui baigne les images du souvenir de Ari s'explique enfin lorsque l'on apprend que, comme son ami qui tirait sur les chiens et non sur les hommes, Ari ne participa pas au massacre mais se contenta, si l'on peut dire, de lancer des fusées éclairantes qui guidèrent les phalangistes dans leur massacre.

Le témoignage de la fin du massacre est pris en charge par le reporter qui pénètre avec les survivants dans le camp, les suit en larmes devant les massacres jusque dans la rue où débouche Ari et ses deux camarades. Ari, vu cette fois de face, voit arriver les femmes avec l'explication et le souvenir du massacre. Le retour à cette mémoire pleine se traduit pour lui (comme pour nous) par des images réelles des camps. Il est sorti de l'image lente et dessinée du souvenir pour retrouver la réalité du massacre.

 

Ari Folman bouleverse Cannes - (7 mn)

Trois types d'images, des interviews basiques, réalistes dans les bleus, la terrible dernière partie dans des tonalités monochromes orange profond noir avec un graphisme différent et le jaune de la haine et du mal. Troisième partie enfin, celle des rêves avec un bleu soutenu notamment pour la femme géante.

L'histoire d'un film par Ari Folman - (20 mn)

Entretiens avec Ari Folman tourné en 2008 à Tel Aviv par Bridgit Folman. Le film aurait pu être réalisé autour d'un ancien du Vietnam, de l'Afghanistan, d'un casque bleu hollandais Srebrenica, ou d'un Américain revenu d'Irak.

Après les trois minutes expérimentales financées en Israël, seul Pierre Merle pour Arte France a pris le film au festival de Toronto puis travail avec Serge Lalou. Musique de Max Richter, ses trois albums, écoutés pendant les six jours d'écriture du scénario.


18 dernières minutes monochromes de l'orange au noir sans autre couleur. Vidéo de référence, l'animatic, avant de réaliser un story-board en dessin animé. Ce sont ensuite 3 000 images de références que les animateurs ont animées.

Les 50 secondes d'archives finales sont là pour replacer le film dans son contexte. Oui : ce que l'on fait vivre aux soldats est terrible mais les vraies victimes, ce sont les Palestiniens. Cela recentre le film.

De Cannes à Sderot - Ari Folman en Israël

Interview du réalisateur lors de la projection du film au Festival de Sderot (Israël), une semaine après le Festival de Cannes. Atmosphère étrange :" Sil vous plait, en cas d'alerte, restez à vos places". Film bien reçu. Pour Aris Folman grande liberté d'expression et de création garantie en Israël (Stéphane Bergouhnioux et Jean-Marie Nizan en 2008).

 


La Tragédie libanaise - (10 mn)

Entretien avec Joseph Bahout, politologue, né au Liban en 1963.


En 1975, la guerre civile commence par les combats de l'OLP contre l'autorité libanaise puis les milices chrétiennes. La Syrie rentre au Liban en 1976 pour contrôler l'OLP. La Syrie se retourne contre le Liban lorsque l'Egypte commence à négocier avec Israël les accords de camp David.

Cette alliance Syro-palestinienne-progressiste empêche Israël n'avoir les coudées franches dans la région. C'est alors le reaganisme, le retour de guerre froide, le fait que tous ceux qui contestent l'ordre occidental sont des alliés de l'URSS.

Les Etats-Unis permettent à Israël de mener son plan : jeter la Syrie dehors et venir au secours de la droite chrétienne, incarnée par les milices de Bashir Gemayel, fils du fondateur du parti maronite. Ce sont des milices créées dans les années 30, inspirées des méthodes paramilitaires fascistes. Elles sont la pointe de l'idée de l'indépendance libanaise contre les revendications de l'islam politique.

Pour les Israéliens, Bachir pourrait être un allié, le second après l'Egypte à faire la paix. A la fin du mandat de Sarkis, ils prévoient de nettoyer le Liban, de sortir la Syrie et d'installer Bashir.

Dans la nuit qui suit l'assassinat de Bachir Gemayel, nuit traumatique pour les milices et pour Israël qui voit son plan s'écrouler, Ariel Sharon monte dans la ville natale de Gemayel. Il rencontre Amin et son père et leur dit on ne peut pas laisser passer comme ça la mort de Bashir. Il faut nettoyer les camps.

Probablement qu'il commandite l'opération de nettoyage au chef des forces de renseignements libanaises, Eli Obeyaka et que l'armée israélienne fermera les yeux.
Y a t il eut plusieurs vagues d'attaques ? Ont-elles été précédée de l'entrée d'un commando israélien qui voulait cibler des personnalités importantes de l'OLP puis de deux vagues de combattants libanais, l'armée du Liban sud, armée supplétive de l'armée israélienne du crépuscule jusqu'à l'aube tué assassiné violé 4000 à 5000 morts

Amnésie en Israël mais aussi au liban. Le Palestinien est le bouc émissaire toujours accusé de casser l'équilibre communautaire

1985 : guerre des camps livrée par la Syrie aux palestiniens par les milices chiites, la milice Amal avec un siège qui affame les Palestiniens.

 

Le choc de Sabra et Chatila (2 mnn)

Reportage du JT d'Antenne 2, le lendemain du massacre de Sabra et Chatila (le 18 septembre 1982).

Philippe Rochot avance parmi cette tuerie de centaines de femmes, d'enfants et de vieillards. Se référant à la croix rouge, il évoque plus d'un millier de morts. Il note que les Israéliens ont fait entrer les journalistes avec eux pour prouver qu'ils ne sont pas responsables du massacre. Selon des témoins, deux bataillons de miliciens auraient déclaré aller traquer des fedayin. Les Israéliens les auraient laissé passer puis tout aurait dégénéré du fait des phalangistes commandés par Saad Abdad (?)

 

Ciné-club de Caen

 
présentent
 
Valse avec Bachir de Ari Folman